Gene4olive : l’oléiculture de demain
L’oléiculture du futur, même dans un avenir très proche, a besoin de variétés adaptées, tant pour faire face aux conditions environnementales et climatiques en constante évolution que pour affronter les nouvelles urgences phytosanitaires, au premier rang desquelles figure la Xylella fastidiosa.
C’est dans ce but qu’un projet de recherche international a été lancé en octobre, intitulé : « Mobilisation des ressources génétiques de l’olivier à travers des activités de pré-sélection pour relever les défis futurs et développer une interface intelligente afin d’assurer la disponibilité d’informations fiables pour les utilisateurs finaux » (Gene4olive). Ce projet implique seize organismes de recherche répartis entre l’Union européenne, le Maroc et la Turquie, et se poursuivra jusqu’en juin 2024.
Pour nous expliquer ce qui sera fait et comment, voici une interview de Enzo Perri, du siège de Rende du Centre de recherche sur l’oléiculture, l’arboriculture fruitière et les agrumes, qui coordonnera les travaux des chercheurs italiens du CREA.
Enzo Perri, que prévoit ce projet ?
« Récemment, la Commission européenne a approuvé et financé le projet européen Gene4olive, qui implique seize partenaires, parmi lesquels des instituts de recherche et des universités, principalement européens, mais aussi des institutions de Turquie et du Maroc.
Le projet prévoit le développement de protocoles communs pour caractériser la résilience de différents génotypes d’olivier aux conditions climatiques extrêmes, leur résistance aux principaux parasites et maladies, ainsi que l’étude des caractéristiques agronomiques les plus significatives.
De plus, des protocoles optimaux et reproductibles seront définis pour l’analyse de la qualité de l’huile d’olive (composés phénoliques, acides gras et composés volatils), afin de caractériser la qualité marchande, nutritionnelle et fonctionnelle des nombreuses variétés présentes dans les cinq collections internationales des partenaires du projet. »
Qui sont les participants ?
« Les seize participants sont les suivants : University of Cordoba (Espagne, coordinateur du projet), Organisation agricole hellénique “Dimitra”, Institut de l’olivier et des plantes subtropicales, Demeter (Grèce), Olive Research Institute, Ministère de l’Agriculture et des Forêts, Izmir (Turquie), Santa Cruz Ingeniería S.L. Sci (Espagne), Institut National de la Recherche Agronomique, Centre régional de Marrakech, INRA (Maroc), Technological Corporation of Andalusia Foundation (Espagne), Gálvez Productos Agroquímicos, S.L.U. GALPAGRO (Espagne), Cámbrico Biotech, S.L. Cambrico (Espagne), Union hellénique des pépiniéristes EFE (Grèce), CREA – Centre de recherche sur l’oléiculture, l’arboriculture fruitière et les agrumes (Italie), Focos GbR FCOSO (Allemagne), Université d’Ankara – ANKU (Turquie), Université de Grenade – UGR (Espagne), Université de Jaén – UJA (Espagne), Université de Rome “La Sapienza” (Italie), Centre National de la Recherche Scientifique – CNRS (France) »
Quel sera le rôle du CREA ?
« Le CREA, à travers son siège de Rende au Centre de recherche sur l’oléiculture, l’arboriculture fruitière et les agrumes, participera à tous les objectifs et actions du projet, avec son équipe multidisciplinaire de chercheurs.
Des tests de tolérance/résistance seront effectués vis-à-vis des principaux ennemis de l’olivier : Xylella fastidiosa, Verticillium dahliae, Bactrocera oleae (la mouche de l’olive). Il y aura aussi des tests de résistance aux stress abiotiques, notamment la sécheresse et les gels.
En particulier, le CREA est chef de file des essais de tolérance/résistance des génotypes d’olivier au bactérie Xylella fastidiosa, qui cause des dégâts inestimables à l’oléiculture des Pouilles et menace de s’étendre à d’autres régions italiennes.
La tâche du CREA sera donc de tester par inoculation, dans l’exploitation du CREA à Monteroni di Lecce, plus de 400 génotypes, certains italiens de la collection du siège de Rende, d’autres étrangers. »
Quel type de variétés sera testé ?
« Seront testées 155 variétés de la collection du CREA, principalement italiennes, dont certaines communes aux cinq collections internationales, et plus de 300 génotypes d’olivier provenant des autres collections. »
Outre la sélection de matériel existant, des programmes d’amélioration génétique sont-ils prévus ?
« Malheureusement non, car l’amélioration génétique de l’olivier demande des temps très longs et ne peut être poursuivie comme objectif dans le cadre de ce projet quadriennal.
Cependant, de nouveaux génotypes issus de croisements contrôlés réalisés au cours des dernières années par certains partenaires seront utilisés, et la connaissance élaiographique (c’est-à-dire morpho-bio-agronomique et moléculaire) du germoplasme en collection et à l’état sauvage sera approfondie. »
Concernant la résistance à la Xylella fastidiosa, on a beaucoup parlé du cultivar FS17, dit “Favolosa”, mais en Italie la variété Leccino semble aussi avoir donné de bons résultats. Quelle est la situation ?
« À ce jour, seuls les cultivars Leccino et FS17 ont donné des résultats intéressants. Mais il s’agit davantage de tolérance que de réelle résistance.
C’est pourquoi il est essentiel de découvrir et de sélectionner de nouveaux génotypes tolérants ou résistants, afin d’élargir le choix variétal pour la création de nouveaux vergers en cultures intensives et super-intensives, indispensables pour préserver et reconstituer le paysage oléicole et garantir le revenu des producteurs.
L’identification de génotypes tolérants ou résistants doit également tenir compte de leur productivité et de la qualité des huiles obtenues, en privilégiant surtout les variétés autochtones et nationales, capables de valoriser les territoires d’origine.
Tout cela dans le but de relancer la filière oléicole italienne, des pépiniéristes aux producteurs, jusqu’à la protection des consommateurs. »
Quels résultats espère-t-on obtenir à la fin de ce projet ?
« Identifier de nouvelles variétés résistantes ou tolérantes aux principaux agents pathogènes de l’olivier, Xylella fastidiosa et Verticillium dahliae ; mieux comprendre les mécanismes de préférence de ponte de la mouche de l’olive (Bactrocera oleae) selon les différentes variétés ; identifier les génotypes les plus résistants à la sécheresse et aux gels, dans une optique de résilience aux changements climatiques. »
Interview de Matteo Giusti sur Agronotizie